Commentaire de véro (28/04/2008 16:02) :
CRI DU COEUR DE CARLTON RARA... AUX HAITIENS ET AUX AMIS D'HAITI
http://haitirectoverso.blogspot.com Je me permets de partager avec vous ce
cri du cœur d’un haïtien, haïtianophyle et surtout un humain. Carlton Rara
pourtant n’a pas parlé lui-même. Il n’a fait de présentation non plus. Je
savais qui il était. J’avais visité son site.
Cependant en recevant ce document j’avais eu une sorte de hoquet m’invitant
à le balancer à la poubelle comme je le fais avec les centaines de
courriers de gens venant de la Côte d’Ivoire héritiers pour la grande
majorité de richissimes hommes d’affaires assassinés qui, dans leur grande
bonté vous demandent gentiment de leur passer un numéro de compte pour
bénéficier de 15 ou 10 % après juste un naïf transfert de fonds qui se
comptent toujours en millions de dollars.
Le mot DIASPORA avait aussi eu un effet très désagréable sur moi. Je sais
ce qui se dit autour de ce groupe d’expatriés et surtout comment des
individus en panne et en quête de notoriété s’avisent du jour au lendemain
de se parer d’un habit de représentant de plus de 2.000.000 d’haïtiens, -
sans leur en demander l'autorisation- avec à la clé des congrès
mondiaux au Venezuela (ou résident quelques dizaines d’haïtiens, en ou
Haïti juste quelques mois après la victoire de Préval.
J’ai quand même pris le soin de lire et je me suis retrouvé de plein pied
dans l’approche de Carlton RARA à travers les différentes questions qu’il
se pose. Je me suis dit que si on se pose les mêmes questions pourquoi ne
pas se les poser en même temps , dans un même espace de réflexion de façon
à construire et élaboré les réponses.
Je l’ai contacté tout de suite. Je n’ai pas été le seul. Il y a un réseau
qui est entrain de se former. Ce n’est point pour une énième association,
ONG, collectif mais pour un vrai espace de concertation pour aller au-delà
des démarches routinières qui ne donnent pas de résultats.
C’est dans cet esprit que je propose aux lecteurs de HAITI RECTO VERSO le
partage de ce document.
Vous pouvez contacter Carlton Rara qui assure rapidement l’échange des
courriers électroniques entre l’ensemble des individus qui ont pris le
temps de réagir.
Pour contact : Carlton Rara infocarlton@yahoo.com
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Lettre ouverte à tous les Haïtiens de la diaspora ou permanents du pays,
tous sexes, tous âges, tous passeports confondus et autres intéressés
francophones
Chers vous tous
A tous ceux qui voudraient anticiper la fuite d’un énième discours
politique de bistrot, ne partez pas tout de suite, rien de tel ci-après,
rassurez-vous, je ne suis qu’un illustre cancre.Je ne suis même pas citoyen
de mon pays : Haïti...et l'état civil de cette République ne peut rien
pour moi, enfin je ne m'en porte pas plus mal après tout...
Mon pays, lui, ne se porte pas bien; on me demande ici ou là si j'ai
encore de la famille « là bas », si tout va bien pour eux....enfin, la
politesse d'usage quoi ; à ça j'ai envie de répondre que oui,
j'y ai encore de la famille effectivement, à peu près 8,5 millions de
parents et pas grand chose ne va pour l'immense majorité d'entre
eux.
J’ai grandi en dehors d’Haïti avec comme album de famille les crises
sociales et politiques qui rythment la survie du pays depuis 200 ans et
avec moi a grandi l’idée que cette « misère » et ce désordre faisaient
partie du décor jusqu’à ce que cette idée se brise le jour où j’ai compris
qu’en Haïti il n’y avait pas plus de fatalité qu’en Sibérie ou en Papouasie
Nouvelle Guinée et que la situation à l’échelle d’un collectif ou d’un pays
est la conséquence de causes et que ces causes sont produites par des
actes, posés eux-mêmes par des décisions et que finalement ces décisions il
fallait bien que ce soit des hommes qui les prennent.
Derrière, devant ou dedans le tableau apocalyptique de la situation de
tiers monde qui galope en Haïti on distingue bien des hommes en effet (ne
vous offusquez pas les filles je prends le mot homme dans une acception
philosophique et générique, allez bisou), qu’ils soient ceux qui meurent,
ceux qui souffrent, ceux qui souffrent moins, ceux qui ne souffrent pas du
tout.
En effet, étranglés à travers le maillage si « complexe » du « système »,
on aperçoit rien d’autre que des hommes ou enfin ce qu’il en reste.
On a beau m’expliquer toute l’extraordinaire complexité de la chose, en
chiffres, diagrammes, statistiques savantes, exposés et rapports de
sciences humaines par les plus brillants spécialistes de ce monde, j’ai
encore aujourd’hui la faiblesse de penser que même si la majorité de mes
compatriotes crèvent « complexement » la dalle ou crèvent « complexement »
tout court, que cela revient au même que si la mécanique du fléau avait été
dérisoirement simple.
A qui la faute ? Qui aurait mal agi ou mal décidé et dont les conséquences
des actes auraient été directement responsables de cette calamité ? Que
devrait-on faire ?
L’histoire une fois de plus fera en son temps son œuvre en nous enseignant
après coup les tenants, le déroulement et les aboutissements de la bataille
dans des écritures préfigurant l’exposition des vestiges dans les musées.
Nous, les diasporés d’Haïti, ferons nous parti de cette histoire?
Comme nombre d’entre nous donc, et à toute époque la contemporanéité de sa
crise, il y a bien longtemps que je me suis demandé ce que je pouvais bien
faire pour ce pays qui souffre et qui finalement a enfanté pour partie ce
que je suis aujourd’hui.
Comme beaucoup j’ai été inlassablement découragé, submergé par l’ampleur
des difficultés, rendu incapable d’agir, par le ressac des crises ou des
catastrophes, les impressions de déjà vu, les bis repetita placent, en
proie à la résignation devant le déferlement implacable du destin, esseulé
dans mes réflexions ou intellectuellement mal accompagné, livré à la
facilité d’enfoncer des portes ouvertes et de jeter des pavés dans le sens
du vent pour finir par me convaincre que de toutes manières il n’y a rien
que je puisse faire moi et mes amis.
Sans compter que des difficultés, il y en a aussi ici (en France pour ma
part où je réside le plus clair de mon temps) pour la plupart d’entre nous
dans des pays industrialisés qui connaissent leur lot de souffrance et de
misère pour être eux aussi le fruit du règne de l’homme évolué (il faut
bien qu’on se marre un peu quand même). Ca n’est pas toujours dimanche en
effet pour nous ici mais à celui qui voudrait s’égarer dans sa complainte
je dis tout net que la « pénibilité » de la vie dans les pays
industrialisés est sans commune mesure avec la réalité haïtienne «
insoutenablement » pesante.
Evidemment les plus jeunes d’entre nous et ceux qui n’auront jamais mis les
pieds dans ce pays impraticable pour les non initiés, ne connaissent pas
les coupures de courant, quand bien sûr on en a dans sa maison, quand bien
sûr on a une maison, quand on a les moyens d’en avoir une ; pas plus que le
manque d’eau potable qui, lui frappe tout le monde ; ne leur évoque rien le
soleil de plomb qui sèche la terre auquel succèdent les pluies
torrentielles et la boue meurtrière dans ce pays déroutant et sans route où
l’on saute un repas comme on oublierait un rendez-vous chez la manucure.
J’ai connu toutes sortes d’haïtiens (même chose que pour les « hommes » les
filles, mettez tout ça au féminin évidemment), des gros, des petits, des
noirs et des moins noirs, des artistes, des paysans, des portauprinciens,
des provinciaux, des vaudouisants, des ecclésiastiques, des diplomates, des
banquiers, des docteurs, des marchandes de pistaches, des policiers, des
nés prématurés, des chauffeurs, des putes, des déconneurs, des dépressifs,
des pédés, des alcooliques, des poètes, des riches, des très très pauvres,
des infirmes, des blancs, des rouges, des qui dorment avec une pétoire sous
l’oreiller, des gentils, des cons, des ordures, des sirènes, des gueulards,
des escrocs et mêmes des princesses, et oui…… et tout aussi divers qu’ils
m’apparaissent, ils ont une ressemblance qui tient dans le fait, il me
semble, qu’ils viennent tous d’Haïti.
Après ces tergiversations d’Haïtien naturel, j’en viens au fait avec mon
lot de questions connexes et subsidiaires.(accrochez-vous, y en a encore
pour 7 pages, mais non je plaisante…quoique)
Depuis la dernière grosse crise en Haïti, qu’elle fut d’ordre
socio-politique ou liée aux outrances climatiques et alors qu’une fois de
plus nous nous trouvions mus par les émotions tous désireux d’agir mais
dans l’impossibilité de le faire (vous remarquez bien que je n’envisage
même pas qu’il y en eût parmi nous qui n’eussent pas eu l’intention d’agir,
vous avez vu comme je manie bien le subjonctif).
Après le constat de cette vieille incapacité donc, qu’avons-nous fait
depuis pour réparer les rouages défectueux qui précisément entraver nos
actions ? Alors que les indices sont à l’heure de toutes les régressions en
Haïti.
Qu’avons-nous entrepris qui nous fasse voir aujourd’hui de façon flagrante
le fruit de nos actions ?
Nous ne sommes même pas capables aujourd’hui d’acheminer un container
lorsqu’il le faudrait d’un point A dans le monde à un point B en Haïti.
Le nombre d’associations ne cesse d’augmenter, Haïti est un des pays
comportant le plus d’ONG au monde.
Pourquoi cette quantité nouvelle ne produit-elle pas plus d’effet, pourquoi
sa proportion se laisse-t-elle dépasser par celle de la paupérisation ?
Doit-on aujourd’hui encore attendre et ce au niveau mondial que le «
système » apporte des solutions au mal même dont il est la cause ?
Y en a t-il encore parmi nous qui pensent ça ? Le fait de penser ci ou ça
dispense-t-il d’agir ?
Les actions locales doivent elles se faire au détriment d’actions plus
globales, ne peut on pas les mener toutes de front ?
Les derniers événements en Haïti ( cf journaux, nouvelles en tout genre
pour les moins informés) semblent démontrer de façon criante que nous
faisons malgré tout trop peu, ou mal, ou pas assez, que cela ne suffit tout
simplement pas dans ce climat d’exceptionnelle pauvreté. Exceptionnels la
pauvreté et les problèmes, exceptionnelle la mobilisation devrait être,
hors force est de constater que nous sommes loin du compte.
Nous ne sommes même pas capables de coordonner des actions au niveau
national dans un petit pays comme la France.
La vitesse de mobilisation (ce qui implique que la conscience ait fait
préalablement son chemin dans les esprits de chacun) au niveau
international, toutes problématiques confondues, n’a jamais été aussi lente
et inopérante (je prends pour référence, le siècle passé) alors que les
machines et les moyens de communications n’ont jamais été aussi performants
et aussi répandus.
Nous n’avons jamais produit autant de denrées alimentaires dans le monde
qu’à l’heure actuelle et on m’explique que des gens meurent de faim alors
que les poubelles des autres ici trop pleines finissent d’engraisser les
chiens errants.
Comment se fait-il aujourd’hui qu’UNE SEULE femme tibétaine ait réussi à
faire exister médiatiquement la cause de son pays 20 fois plus que les
vagues échos qu’on a pu entendre à propos d’Haïti sur les principales
stations d’information (pour la seule France) ?
Je crois savoir pourtant que notre communauté compte jusqu’à plusieurs
dizaines de milliers d’individus en France.
Nous serions pourtant en mesure d’agir, qu’est ce qui nous retient donc ?
Est-ce peut-être alors parce qu’une femme tibétaine vaut plusieurs dizaine
de milliers d’haïtiens ? (comme quoi, à rien ne sert d’ignorer les maths
modernes)
Ne me rétorquez pas que le sort d’Haïti n’intéresse pas le reste du monde,
les gens sont intéressés par ce à quoi on veut bien les intéresser.
Sommes nous désunis à ce point, sommes nous négligents à ce point ?
Je ne veux tout de même pas croire à l’indifférence.
Y en-t-il parmi nous qui considèrent que travailler à faire accéder
l’ensemble de la population haïtienne à des conditions de vie acceptables
prête à débats ou controverses ?
Sommes nous à ce point habitués à ces situations hors normes au point de
les considérer comme normales ?
Faut-il plus de sang, faut-il plus de misère, faut-il plus de chair
refroidie, plus de rien ?
Tradition orale oblige, nous nous permettons d’avoir un avis sur toutes les
questions soulevées par les problématiques haïtiennes mais notre
participation à la vie du pays est sporadique et n’a aucun poids n’en
déplaise aux amuseurs, aux fanas du microphone, à ceux qui montent à la
tribune pour montrer leur cul et leurs bonnes manières comme dirait
l’autre. Passons pour une fois la parole à ceux qui n’amusent personne,
ceux qui n’ont soit disant rien à dire et qui gardent leur arrière train en
bonne place.
Nous avons, par tradition désormais, cessé de considérer les institutions
de ce pays comme crédibles (fautes qu’elles l’aient toujours été certes)
mais aujourd’hui il y a bel et bien un gouvernement en Haïti, il y a bel et
bien des hommes qui décident et sur qui repose le sort de la nation,
au-delà de la politique et des divergences de point de vue, qu’on les
considère légitimes ou pas, il sont bien là.
Hors quel rapport avons-nous avec eux ? De quel conseil sommes-nous à leur
endroit ? Quel débat citoyen avons-nous avec eux ?
Quelles exigences avons-nous envers eux ? De la même façon qu’on a décrété
leur surdité à nos attentes depuis fort longtemps, quelles mesures, quels
moyens d’action forts et fédérés avons-nous mis en œuvre pour forcer le
rétablissement de leur écoute ?
Le fait d’avoir souvent échoué dans nos tentatives implique-t-il qu’il
faille renoncer à recommencer, et à recommencer encore, et encore et
encore…. ?
Le fait que la bataille soit âpre implique-t-elle que nous ne dussions pas
la mener ? (décidemment ce subjonctif, une merveille)
Quel plan, quelle stratégie avons-nous établis pour peser dans la balance
?
Quelle organisation avons-nous mis en place ? Quel espoir avons-nous donc
généré chez nos familles restées au pays et qui aujourd’hui pensent par
pure ignorance que nous buvons ici (en pays riches) du miel et du lait et
que nos poches se remplissent d’argent comme par miracle ?
J’entends fuser ici et là des avis déterminés réclamant le départ de ces «
traîtres » de Minusthas qui sont aujourd’hui la seule force armée, il faut
le dire, dans le pays.
Par qui va-t-on les remplacer ?
Ne doit-on pas également réclamer par conséquent le départ de nombre d’ONG
qui viennent justifier de leur budget dans des études ou des travaux trop
souvent obsolètes, inachevés, inachevables, irréfléchis, impropres, ne
produisant rien ou parfois du désordre ?
Vous me dites pour certains d’entre vous envisager votre propre avenir en
Haïti, mais comment le préparons-nous ?
Des étrangers de bonne fois et de bonnes compositions veulent nous aider,
hélas bien souvent le fait de ne pas être « initiés » (pas d’acception
cultuelle ici) les rend inefficaces ou à côté de la plaque ou alors cachent
en définitive leurs véritables motivations dans leur inconscient qui
s’avère cibler trop la rédemption de leur individu.
Voila pourquoi je m’adresse en priorité aux Haïtiens. Nous, nous ne
devrions pas être en proie à cet excès même si aider l’autre et se soucier
de lui reste toujours une manière de se soucier de soi, nous sommes
d’accord.
Sans aller décrocher la lune, avons-nous encore des échanges sur les
questions primaires, nous parlons nous encore, dans des pays où nous sommes
pourtant libres de penser à voix haute ?
Même pas le minimum à vrai dire ! Les e-mails, les boîtes aux lettres sont
vides, les téléphones muets, les bouches pleines de salive ? (La répétition
des vieilles conneries sans science et sans conscience exclue, bien
entendu, car pour ça nous avons encore pas mal de ressources inépuisées).
Et quand il nous arrive de retrouver l’usage de la parole dans nos
familles, parlons nous vraiment de l’essentiel ?.....de ce qui peut
préoccuper un enfant, une femme, un vieillard que sais-je, qui ne bouffe
pas, ou qui souffre d’une maladie qui lui est inconnue? de ce qui les
préoccupe ou de ce qui ne les préoccupe plus…..
Y en a-t-il parmi nous qui ont agressé leur boulanger parce que son pain
été trop cher, casser sa vitrine, mis sa vie en danger ?
Non personne vraiment ?...vous m’étonnez. Mais alors comment se fait-il que
nous laissions nos familles faire une chose aussi « insensée » sans être
alarmés, sans réagir, seulement sous prétexte que c’est en Haïti que ça se
passe. C’est bien ce que je disais, les normes sont à géométrie variable, y
compris celles du bon sens.
Ne soyons pas, je vous prie, démissionnaire ou actionnaire d’Haïti lorsque
ça nous chante, lorsque le vent est favorable, lorsque les plus faibles
d’entre nous ont joué leur rôle de tampon et de bouclier contre l’adversité
et qu’ils nous ont rendu la voie libre.
C’est encore le plus faible qui a besoin du plus fort pour vivre à ce que
je sache et non l’inverse.
Qu’allons nous raconter à nos petits enfants ? Que le jour de la bataille
nous étions à la plage ou à la foire ? Que l’après-midi ou mamie a pris une
balle, nous étions au supermarché ?
Nous leur dirons tout simplement que nous étions des incapables ou pire
encore, nous n’aurons rien à leur raconter du tout… encéphalogramme plat !
A ceux qui travaillent modestement de leur côté, ne vous sentez vous pas
seuls et en sous nombre parfois ? Cela aussi vous semble-t-il normal ?
Sommes nous tous d’un certain âge et usés ou en proie au handicap ou à la
maladie?
Cette immense partie du peuple haïtien dispersé que nous sommes, ne peut-il
pas trouver d’ambassadeur (nous avons des ambassadeurs et des consuls mais
nous ne les considérons pas plus que n’importe quel autre officiel ou alors
juste au moment de faire mettre un tampon sur un document). Ne peut-on pas
créer des entités qui matérialisent notre présence, qui rendraient plus
probables nos actions ?
Ne me dites pas que je pose trop de questions et que je n’apporte pas assez
de réponses, nous allons nous épargnez pour une fois les débats merdiques,
les formules de prétoire et la poésie mal placée ou encore les idées
politiciennes qui font chier tout le monde, tout ça ne doit pas avoir cours
ici.
J’ai déjà pour ma part trop parlé et pas assez agi. Il appartient à chacun
de vouloir apporter des réponses ou bien de se poser d’autres questions,
enfin de prendre ses responsabilités pour les plus responsables d’entre
nous et ça je ne peux pas le faire à votre place.
Il est d’usage que les artistes ou les intellectuels essaient de
chatouiller les monolithes… il est tard, je suis fatigué, j’ai sommeil mais
je suis à mon poste.
Les manifestations imposées du 10 mai et ce partout en France ont-elles
pensé à remanier leur programme pour la circonstance ? Les problèmes
actuels sont-ils au programme ? Des manifestations (revendicatives)
sont-elles prévues, des gens ont-ils prévu de s’exprimer, que préparons
nous à part une bonne popote et un bon bal kompa ?
Allons-nous célébrer bêtement et béatement l’abolition de l’esclavage alors
que nous sommes on ne peut plus asservis aujourd’hui, asservis à mort ?
Allons nous encore faire comme si de rien n’était ?
Prévoit-on une aide de masse directe à la population haïtienne (je ne parle
pas uniquement de parachuter de la bouffe) ? Doit-on encore attendre le
prochain coup de canon pour s’indigner à heure fixe.
Est-il prévu qu’Haïti regarde Haïti dans les yeux sans honte ?
Enfin voilà, je m’interrogeais modestement, juste comme ça, loin du désir
d’importuner quiconque….enfin si j’en emmerde quelques uns c’est pas plus
mal non plus, mais affectueusement s’entend (que voulez-vous c’est mon
esprit taquin).
Un peu de théâtre maintenant (je vous l’ai dit, faut bien se marrer un peu
quand même, enfin, m’ap ri men m’p’ap jwe – traduction : je ris mais je ne
m’amuse pas) , allez, un peu de courage c’est la dernière ligne droite.
Moi, je soussigné Carlton Rara, citoyen illégitime mais conséquent du pays
d’Haïti.
J’en appelle, à tous ceux qui aiment ce pays, tout ceux qui en parlent,
tous ceux qui n’en parlent plus, tout ceux qui ne l’ont pas oublié, tous
ceux qui y vivent, tous ceux qui y ont une habitation, tout ceux qui n’y
ont rien ni personne, tous ceux qui ont des idées, tous ceux qui ont de la
volonté, tous ceux qui n’ont pas de volonté, tous ceux qui n’ont pas
d’idée, tous ceux qui parlent bien, tous ceux qui écrivent bien, tous ceux
qui jouent bien du tambour ou de la cornemuse, ceux qui n’ont pas de
voiture mais qui aimeraient bien en avoir une, tous les usagers des
camionnettes, les femmes, les hommes, les plus jeunes, ceux qui ont des
responsabilités, ceux qui n’en n’ont pas, les attachés, les détachés, ceux
qui ont de l’argent, ceux qui n’en n’ont pas, ceux qui ont des terres, ceux
qui bandent bien, ceux qui ne bandent plus, les premiers de la classe, les
derniers, les non voyants, les politiques, les parvenus, les revenants, les
inconnus, les scientifiques, tous ceux qui ont des pigments dans la peau,
les albinos, les retardés, les attardés, les optimistes, les pessimistes,
les saltimbanques, les comptes en banque, ceux plus au Nord, ceux moins au
Sud, ceux qui n’entravent rien à ce que je raconte, ceux qui me reçoivent 5
sur 5, ceux qui sont partis en court de lecture, ceux qui avaient gardé un
cinquième as dans leur manche ou une poire pour la soif, celles qui aiment
toujours leur mari après 50 ans de mariage, mes frères, mes sœurs, l’oncle
Sam, l’oncle Tom, les culs de jatte, les malpolis, tout ceux qui ont
compris que la prochaine bataille n’aura pas lieu faute de combattants,
ceux qui savent qu’il est plus que temps, ceux qui entendent Haïti hurler
sourdement comme on entend son gosse, Haïtiens de mon cœur, j’en appelle à
tout ceux qui comme moi ne connaissent rien de plus doux pour la tête que
les senteurs de la brune enveloppante d’Haïti.
Je compte sur tout ceux-là pour agir, pour parler, pour faire hommage à
tout ce qu’Haïti nous a enseigné de bon, nous a donné sans compter, sans
reprendre, nous a transmis à nous, ses enfants égarés.
Je m’excuse par avance auprès de tout ceux à qui tout cela n’évoque rien et
ceux qui penseraient qu’on leur fait la leçon (soyez vous-mêmes vos
professeurs).
Nous avons un jour fait trembler de stupeur le monde par une révolution
improbable, perdue et condamnée d’avance et pourtant achevée par la volonté
et la stratégie des hommes.
Ce que nos ancêtres ont fait de la révolution n’enlève rien à l’exemplarité
de cette victoire…voilà encore la seule chose que tous les haïtiens savent
encore aujourd’hui…nous avons un jour fait trembler de stupeur le monde …
et bien recommençons voulez-vous !?
Merci bien de votre attention
Allez on se fait la bise, n’oubliez pas d’éteindre en partant…
Allez hop en deux clics passe le message à ton voisin, enfin c’est toi qui
vois.
Carlton Rara
et encore...
Salut tout le monde
Je m'aperçois d'un problème technique avec le groupe de
discussion YAHOO, c'est que pour répondre, yahoo impose de créer un
compte yahoo, je n'ai pas l'intention de rajouter cette
contrainte, je m'en suis rendu compte après, mille excuses.
Je vais donc essayer de continuer à assurer le transfert des e-mails des
gens qui me répondent donc et je vous invite à aller sur le blog initié par
Jonas Jolivert(que je remercie cordialement),
http://haitirectoverso.blogspot.com, jusqu'à ce que toutes les
ramifications se fassent.
Je vous invite à garder le même principe, soit lorsque vos réactions ont un
caractère générique, adressez les à toutes les adresses que vous collectez
au fur et à mesure.
MEN ANPIL CHAY PA LOU, essayons pour la première fois d'appliquer ce
principe imparable.
merci à tous
Carlton
MERCI DE VOTRE ATTENTION.. JE FAIS JUSTE PASSER AMITIES VERO
veronique.cools@orang.fr |